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La science du football

La science du football

Une blague dit que les femmes ne s’intéressent pas au football car elles ont tout compris à propos de ce jeu.  C’est mon cas aussi, surtout depuis la lecture du livre John Wesson "La science du football" (2004) Belin ISBN:2701136008 WorldCat Goodreads Google Books  

Après 4 chapitres sur les principes physiques intervenant dans le jeu (Le ballon et ses rebonds, La frappe, Têtes, dégagements, arrêts, et Quand le ballon est en l’air ), le livre aborde le jeu proprement dit.

Le chapitre 5 « Les règles du jeu » établit une relation très intéressante : le temps moyen de contrôle du ballon par un joueur en fonction de la taille du terrain et du nombre de joueurs. Avec 10 joueurs (le gardien n’étant pas supposés s’aventurer loin des buts), il montre que chaque joueur dispose du ballon en moyenne de 3 secondes sur un terrain standard.

Mais le passage le plus intéressant du livre concerne la relation entre le nombre de buts et la probabilité de victoire des équipes : l’auteur montre que dans le cas d’un score final de 1-0, il y a 33% de chances que le but de la victoire ait été marqué par l’équipe la plus faible. Si 2 buts sont marqués pendant le match, c’est dans 45% des cas un match nul (1-1) et dans 10% des cas l’équipe la plus faible parvient à s’imposer 2-0 contre une équipe forte qui n’avait alors « que » 45% de chances de gagner le match.

Il faudrait qu’il y ait environ 10 buts par match pour que le risque de résultat nul descende à 15%, et que l’équipe faible n’ait plus que 15% de chances de gagner.

Or au chapitre 6 « la Théorie du Jeu » qui analyse les résultats des matches de la première ligue anglaise, on constate que dans 75% des matches, moins de 4 buts sont marqués. Dans ces conditions l’équipe « forte » ne remporte la victoire que dans 49% des cas, la probabilité de match nul étant de 26% et l’équipe faible ayant 25% de chances de gagner !

Le hasard joue donc un rôle très important au football car il n’y a pas assez de buts !

Dans ce contexte, les pénaltys sont aussi analysés au chapitre 5. Tirés à 11m, la probabilité de marquer un but est de l’ordre de 75%. Obtenir un seul pénalty donne une très bonne option sur la victoire…

Au chapitre 6, le hors-jeu et la technique de l’interception des passes sont encore abordés, mais le Chapitre 7 « La meilleure équipe » revient sur les probabilités de victoire.

La question est de savoir si l’équipe qui gagne un tournoi ou un championnat est forcément la plus forte. L’auteur commence par simuler un championnat entre 20 équipes virtuelles de forces égales, en utilisant les probabilités de victoire de match découvertes plus haut. L’équipe gagnante remporte le championnat avec 67 points, la deuxième obtenant 63 points et la dernière 31, alors qu’elles sont, je le rappelle, de forces égale : seule la chance explique cet écart.

Or en « Premiership », le championnat anglais, les équipes championnes obtiennent environ 80 points et l’écart avec le bas du tableau est de l’ordre de 50. Il y a donc bien des équipes plus fortes que d’autres. John Wesson effectue alors une 2ème simulation avec une équipe meilleure que les 19 autres : on lui attribue une probabilité de gagner un match 1.5 x plus élevée que de perdre. Surprise : cette équipe ne gagne pas le championnat simulé. Elle arrive seconde avec 67 points, derrière une équipe « normale » qui a eu la chance de remporter 71 points!

Le chapitre se clôt avec des statistiques sur la coupe anglaise. Wesson calcule notamment que l’équipe qui gagne le championnat de la ligue n’a qu’une chance sur 8 de faire le doublé et d’emporter la coupe, ce qui correspond parfaitement au 7 cas de doublés enregistrés depuis 1946…

Le chapitre 8 « Les Joueurs » s’intéresse à l’âge, à la taille et à la valeur marchande des sportifs. On y constate un fait étonnant : une proportion statistiquement significative des joueurs anglais sont nés à la fin de l’année ! Ceci s’explique lorsqu’on constate aussi que les joueurs de football sont plus grands (surtout les gardiens) que la moyenne des gens, et quand on sait que les enfants anglais sont regroupés par l’âge qu’ils ont en juillet. Les natifs de l’automne sont plus âgés que leus copains de classe du printemps, donc plus grands, donc ont plus de chances d’être pris dans l’équipe de foot ! A quoi ça tient de devenir millionnaire, des fois …

A 22 ans, les joueurs sont les plus nombreux sur les terrains de foot, mais comme leurs carrières ne dépassent 3 ans que dans 50% des cas, ils sont déjà moins nombreux à 24 ans, âge auquel ils marquent statistiquement le plus de buts. Mais étonnamment, les transferts de montants maximums sont enregistrés pour les joueurs de 26 ans, donc ceux qui ont fait leurs preuves, pas ceux qui vont les faire !

Le chapitre 9 « Questions financières » s’intéresse au business des clubs, leur chiffre d’affaires en fonction de leur classement et de la taille de l’agglomération concernée, la probabilité de gagner de l’argent grâce aux transferts etc.

Le dernier chapitre « Le football en équations » contient de nombreuses idées de problèmes de mécanique élémentaire à proposer aux potaches ces temps, et quelques uns sur les probabilités.

J’ai donc enfin compris pourquoi le foot ne m’intéresse pas : c’est un jeu de hasard et il y a trop peu de buts. De ce fait:

  1. (je m’ennuie en regardant les matches)
  2. un seul but étant un évènement très important, les joueurs et les supporters sont très excités voire agressifs à chaque occasion,
  3. les nationalismes sont excités car le suspense est réel : la Suisse peut gagner l’Euro 2008, il faut juste de la chance…

Il serait très facile de rendre le football plus « juste » : en agrandissant les buts par exemple, le nombre de buts augmenterait, diminuant la part de hasard. Les instances du football ne le font pas, probablement car ils pensent que le jeu serait moins suivi si l’issue des matches était plus prévisible.

J’ai donc maintenant des motifs très scientifiques d’ignorer superbement l’Euro 2008 qui va se jouer jusque dans ma ville. Mon seul regret est qu’il n’ait pas lieu pendant les vacances scolaires, ce qui nous aurait permis de partir très loin en louant notre maison…

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