Lors d’un débat sur les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) il y a environ dix ans, un professeur italien dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom avait développé un argument très intéressant. En substance il disait:
- La modification génétique d’un organisme est un événement très brutal du point de l’évolution, mais ensuite l’évolution de l’organisme est figée, souvent pour des impératifs de production.
- Les plantes modifiées n’évoluent donc plus au rythme naturel d’une génération par année, mais n’ont qu’une “génération” tous les 10 ans voire plus.
- Par contre, les parasites continuent d’évoluer à leur rythme habituel de plusieurs (nombreuses) générations par année. Selon le professeur, l’issue ne faisait aucun doute : en quelques années les parasites s’adapteront à la modification génétique, supprimant l’avantage des OGM mais produisant des parasites plus tenaces…

Il avait raison : des “Bollworms” (Helicoverpa zea) résistants au coton Bt ont été découverts dans des champs aux USA dès 2003. Or le coton “Bt” a précisément été développé et cultivé dès 1996 pour repousser le “Bollworm”, principal parasite du coton (et responsable d’une perte de rendement de … 1 % !)
Malgré cela, un des chercheurs impliqués dans cette découverte estime que quelques insectes résistants découverts au bout de 7 ans parmi 162 millions d’hectares de plantations “Bt” est un mal acceptable et indique quelques solutions:
- une nouvelle variété de coton “Bt” produit 2 toxines au lieu d’une seule, pour éliminer les Bollworms résistants (à moins qu’ils ne s’adaptent aussi…)
- Planter des champs non-Bt à côté des champs Bt pour “diluer” les insectes résistants. Que voilà une idée intéressante : utiliser les champs des agriculteurs “Bio” pour que les champs OGM produisent plus !
Référence : University of Arizona, “First Documented Case Of Pest Resistance To Biotech Cotton.” ScienceDaily. February 8, 2009