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Conflit Israel / Palestine

Les statistiques israéliennes de l’ICT le reconnaissent: l’armée israélienne tue à 50% des « non combattants » palestiniens, qui représentent plus du double des victimes d’attentats « terroristes »

Difficile et risqué de donner un avis qu’on espère impartial et neutre sur un conflit lointain. J’essaie juste ici de soulever un point rarement abordé dans ce conflit : la différence de statut des forces en conflit. Dans un autre article, je prétend que le « Terrorisme » est lié à l’asymétrie du conflit.

Israël mentionne régulièrement que ses actions militaires, l’expropriation ou la destruction d’habitations, la construction d’un mur de séparation et autres « éliminations » sont justifiées par son droit à garantir la sécurité de ses habitants. Lorsque l’ONU, le tribunal de la Haye ou la presse se permet de le condamner, Israël rétorque qu’il faut également condamner le terrorisme palestinien. Je m’empresse de dire que j’approuve.

Mais il existe cependant une raison fondamentale pour laquelle l’action de la communauté internationale, en particulier européenne est assymétrique : le conflit est assymétrique :

  • Israël est un Etat souverain, reconnu par la communauté internationale, membre de l’ONU, signataire des Conventions de Genève et de nombreux traités internationaux, doté d’une armée moderne très bien entraînée, organisée et équipée.
  • les divers mouvements palestiniens, qu’ils soient terroristes, résistants armés ou politiques, n’ont aucun statut juridique sur le plan international actuellement. Même si l’autorité palestinienne est reconnue, l’Etat palestinien n’existe pas encore.

De ce fait, je reconnais à Israël le droit de poursuivre pénalement les auteurs et organisateurs d’attentats effectués sur son territoire, qui sont juridiquement des criminels. J’admets même que leur soit appliqué le droit militaire, étant donné qu’Israël est toujours de-facto en guerre contre les Etats voisins auxquels appartenaient les territoires occupés.

Mais en tant que citoyen de Genève, je rappelle qu’Israël a l’obligation de respecter la Convention des Droits de l’Homme et les Conventions de Genève, alors que les « terroristes » palestiniens n’y sont pas soumis. Les dirigeants israéliens , mais aussi les soldats de Tsahal qui exécutent des ordres contraires à ces accords seront poursuivis pour crimes de guerre, voire crimes contre l’Humanité (c’est très à la mode).

Il est en particulier totalement inacceptable :

  • De tirer des roquettes contre des voitures et chaises roulantes non armées dans le but d’assassiner un dirigeant palestinien, surtout au prix de quelques civils alentour
  • De détruire les maisons appartenant à la famille d’activistes palestiniens. C’est absolument interdit, même si l’activiste s’est fait exploser dans un bus bondé.
  • De tirer délibérément sur des journalistes clairement identifiés comme tels.
  • De canarder des ambulances et autres véhicules sanitaires.
  • De rouler au char d’assaut dans un champ d’oliviers à proximité d’une colonie en détruisant le puit au passage (vu dans un reportage télévisé)
  • De tirer sur des véhicules diplomatiques Suisses ou Anglais
  • d’établir des colonies de peuplement dans les territoires occupés.

Certains pourraient prétendre qu’il ne s’agit là que de bavures ou de cas extrêmes qui sont inévitables en cas de conflit. Je pense que le problème est plus profond.

Les statistiques de l’Intifada d’origine israelienne montrent clairement un autre aspect de l’assymétrie de ce conflit : les victimes palestiniennes sont 2 à 3 fois plus nombreuses que les israéliennes. A ce propos, de nombreuses sources pro-israéliennes se précipitent sur les pourcentages pour démontrer par exemple que les femmes israéliennes sont proportionnellement plus touchées que les palestiniennes. Je dirais que c’est malheureusement un effet de l’assymétrie : les attentats palestiniens visent principalement la population civile israélienne et il est de ce fait « normal » (au sens purement statistique, désolé…) que femmes, enfants et vieillards soient tués. En fait, si les attentats palestiniens visaient la population civile israélienne de manière indiscriminée, les femmes devraient représenter la moitié des victimes. Encore une fois, ces actions sont criminelles et doivent être empêchées et réprimées selon la loi pénale.

Par contre, il est inacceptable que Tsahal, armée d’un Etat reconnu, cause plus de morts de non-combattants que de combattants (1326 combattants sur 2806 victimes palestiniennes au moment où j’écris ces lignes). Il est anormal que des soldats entrainés tuent deux fois plus d’enfants de moins de 12 ans que les « terroristes » qu’ils affontent et même plus de non-combattants tous ages et sexes confondus. Ces chiffres donnent des arguments valables à ceux qui soutiennent que Tsahal est en conflit avec la population palestinienne dans son ensemble, pas seulement avec les mouvements armés. Vers une solution ?

A mon sens, le règlement du conflit israélo-palestinien passe par quelques étapes clefs :

  1. Accord de principe et de détail entre les deux parties. La paix ne pouvant être imposée, Israël doit faire des concessions et ne peut demander des garanties du type « pas d’attentat pendant x semaines » à un partenaire qui n’est pas son égal et n’a pas les moyens de faire respecter un cesser-le-feu à de puissants mouvements armés. Je pense personnellement que les « accords de Genève » sont une base plus solide que la « Feuille de Route », car ils sont plutôt dans la continuité des « accords d’Oslo », basés sur une négociation directe plutôt que sur des interventions extérieures.
  2. Référendum des population palestiniennes et israéliennes sur l’accord. Il est indispensable qu’une majorité de citoyens soutienne le processus pour affaiblir les extrémistes des deux camps.
  3. Création d’un Etat palestinien doté d’une police et de forces armées (de l’ONU dans un premier temps) capable de désarmer les mouvements armés et d’empêcher une ré-occupation des territoires lorsque, inévitablement, les groupes armés tenteront de relancer le conflit.
  4. En tant que Suisse, je pense que les ennemis d’aujourd’hui devraient réfléchir à une solution à long terme de type Etat fédéral, car un examen du tracé de la frontière israélo-palestinienne future montre que des conflits futurs seront inévitables. A mon ami Yzaac qui me répondait que tôt ou tard les Arabes seraient majoritaires dans un tel état, je répondis que les Genevois sont bien arrivés à vivre avec les Suisse Allemands…

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